Faux stand-up et vraie performance solo, le spectacle de Joël Maillard déclenche tour à tour hilarité et malaise. Music-hall rétrofuturiste, confessions imaginaires, l’artiste suisse marche sur un fil, tel un équilibriste de l’humour.
Si vous pensez que « résilience » rime avec « bienveillance », passez votre chemin. Chez Joël Maillard, le concept rimerait plutôt avec « ... souffrance ». « Je peux moi-même être une cause de souffrance, en toute modestie. J’ai en face de moi un certain nombre de personnes qui ne me supporteront pas dans la durée, et qui le savent déjà », balance-t-il, droit comme un « i » derrière son micro. Le rire, sincère, arrive. Puis il enchaîne, sans prévenir, sur une boutade sur l’euthanasie ou les traumas de son enfance rurale. Et là, plus personne ne sait s’il faut s’esclaffer. « Tant que je ne mentionne pas que c’est faux, tout est vrai », avait-il annoncé. Mais rien n’est moins sûr dans cette distorsion surréaliste du genre stand-up. Trimballant sa carcasse dégingandée dans une gestuelle empruntée, il plisse les yeux comme pour prendre à partie des spectateurs en plein doute. Grinçant, l’artiste suisse joue des silences gênants, glisse des clins d’oeil politiques appuyés, en fait volontiers des tonnes. Mais à travers des trouvailles scéniques, et même des chansons désarmantes, le provocateur se fait vulnérable, pour qu’on finisse par le suivre avec bonheur et sans souffrance superflue.Lire plus Lire moins