traduction Benno Besson
mise en scène Thomas Jolly
Depuis quatre siècles, un dragon à trois têtes règne en despote sur un village imaginaire. Chaque année, une jeune vierge lui est donnée en tribut ; Elsa se prépare ainsi à rejoindre l’antre de la bête, dans l’indifférence générale. C’est alors qu’arrive Lancelot, preux chevalier bien décidé à abattre la créature. ... Mais pour une partie des habitants et des autorités locales, ce héros ne suscite que stupeur et scepticisme…
Auteur de contes pour enfants, Evgueni Schwartz a également écrit quelques pièces de théâtre où il convoque le merveilleux au service de récits corrosifs. Rédigé entre 1943 et 1944, Le Dragon s’attaque au national-socialisme allemand de Hitler et à la dictature stalinienne ; la pièce fut interdite par les autorités soviétiques dès le lendemain de la première représentation. Mais cette parabole résonne jusqu’aujourd’hui tant l’auteur y décrit avec sagacité le pouvoir et sa capacité à déformer ceux qui le possèdent comme ceux qui le subissent. Une fois le monstre anéanti, la cité pourra-t-elle se réorganiser ? Et si un dragon en cachait toujours un autre, moins spectaculaire, moins ostensiblement monstrueux, mais tout aussi dangereux ? La pièce quitte peu à peu le motif du conte et se glisse dans les rouages d’une société où l’attentisme et la peur sont paralysants : le monstre n’existe plus, mais la monstruosité persiste.
Derrière le combat entre le monstre et le héros, c’est celui de la liberté face à la « servitude volontaire » qui a piqué la curiosité de Thomas Jolly. Pour sa première création en tant que directeur du Quai, centre dramatique national d’Angers, le metteur en scène a trouvé dans cette pièce un terrain de jeu fertile : une fable à dimension politique, des monstres, du feu, de la magie et un large panel de registres, du burlesque au fantastique. [...]Lire plus Lire moins